Une histoire rocambolesque

Le mystère Girieud… Mais que sont donc devenues les œuvres du peintre Pierre Girieud, commandées par l’université de Poitiers en 1931 à l’occasion de son demi-millénaire ?

Pour célébrer son 500ème anniversaire, l’université de Poitiers commande à Pierre Girieud un ensemble décoratif monumental, comprenant quinze tableaux destinés à orner la salle du Conseil de l’Université à la Faculté de Droit :

  • Cinq grands panneaux : l’un intitulé A la gloire de l’Université de Poitiers, construit en triptyque, et quatre représentant les disciplines historiques de l’Université (Le Droit, Les Lettres, La Médecine et Les Sciences)
  • Deux petites toiles monochromes qui accompagnent le monument aux morts de la Première Guerre Mondiale réalisé par les frères Martel : La France Douloureuse et La France Glorieuse
  • Huit toiles, installées dans les niches entre chaque fenêtre, représentant des figures nues qui symbolisent les « Vertus pédagogiques » : la Vocation, l’Abnégation, la Foi, l’Invention, l’Expérience, la Méditation, la Vérité et l’Étude.

Pierre Girieud est un peintre reconnu à cette époque. Au début du XXe siècle, il appartient à l’avant-garde montmartroise, côtoie Picasso, Dufy ou Delaunay, et se fait connaître comme peintre  « fauve », aux côtés de Matisse, Derain et Vlaminck. Proche de l’avant-garde allemande et ami de Kandinsky, il évolue également dans le mouvement expressionniste, puis revient vers 1910 à un style plus classicisant et monumental en s’intéressant à la fresque et aux décorations murales. Signe de sa notoriété, ses œuvres pour l’Université sont exposées au Musée de l’Orangerie avant de rejoindre Poitiers.

Installées en 1931, les peintures ne sont finalement pas inaugurées lors des commémorations du demi-millénaire. Délaissées, peu valorisées, les toiles sont décrochées à une date inconnue et finissent par tomber dans l’oubli…

C’était sans compter l’improbable découverte en 1991, par un maître de conférences, de rouleaux de grandes toiles dans les combles de la Faculté de Droit. Roulées grossièrement et couvertes de poussière, les cinq grandes peintures refont ainsi surface, plusieurs décennies après leur disparition ! Puis, en 1996, c’est l’une des « vertus » qui est repérée lors d’une vente aux enchères à La Rochelle : il s’agit de La Foi, immédiatement rachetée par l’Université.

Les six toiles retrouvées sont alors restaurées, et les deux toiles monochromes copiées à cette occasion. La salle du Conseil, devenue salle René Savatier, ancien Doyen de la Faculté de Droit, retrouve ainsi une partie de son décor d’origine en 2004. L’original de La Foi, quant à lui, est conservé dans les réserves du musée Sainte-Croix à Poitiers.

Aujourd’hui, le mystère perdure pour les sept « vertus » manquantes et pour les deux toiles monochromes qui ont été copiées.

L'enquête continue...

En janvier 2018, la Fondation Poitiers Université a repris le fil de l’enquête en partant à la recherche de ces peintures, témoignages majeurs de la période Art Déco dans la région et pièces exceptionnelles du patrimoine de l’Université. Elle a constitué pour cela un comité de pilotage dont l’objectif était de retrouver si possible les œuvres disparues. Afin de professionnaliser les recherches, un étudiant en Sciences Humaines et Arts à Poitiers a été accueilli en stage par la Société des Amis des Musées de Poitiers durant l’été 2018.

Les ressources mobilisées sont venues d’horizons divers : Archives nationales et départementales, Musée Sainte-Croix, Musée de l’Orangerie, Médiathèque François Mitterrand, Bibliothèque Kandinsky, plateformes en ligne type Gallica ou Persée, contacts avec des particuliers, photographes, collectionneurs, experts, marchands, commissaires-priseurs, historiens…

Afin de faire connaître le projet au plus grand nombre et multiplier les chances de recueillir de nouveaux éléments sur les peintures de Pierre Girieud, des articles de presse sont parus localement et une annonce a été publiée dans La Gazette Drouot.

Malgré tous ces efforts, les œuvres de Pierre Girieud restent introuvables… Mais grâce au prêt de photographies de très grande qualité, prises par le photographe François-Antoine Vizzavona en 1931, il a été possible de faire réaliser des reproductions des Vertus par une entreprise poitevine. Ces fac-similés ont été installés dans la salle en octobre 2019, à la place occupée par les toiles originales en 1931.

Ainsi, pour la première fois depuis longtemps, la salle René Savatier retrouve l’intégralité de son décor et se révèle au public telle que Pierre Girieud, le recteur Léon Pineau et leurs contemporains l’ont connue il y a près de 90 ans.

... et on a besoin de vous !

Nous recherchons toujours les 9 tableaux qui ont disparu : sept des huit vertus pédagogiques, ainsi que La France Glorieuse et La France Douloureuse.

Si vous possédez des informations concernant ces peintures, n’hésitez pas à contacter la Fondation Poitiers Université : 05 49 45 30 99 – fondation@univ-poitiers.fr

  • La salle René Savatier

  • A la gloire de l'Université de Poitiers

  • La salle René Savatier

  • La France Glorieuse

  • La France Douloureuse

  • La Foi

    © Christian Vignaud, Musées de Poitiers


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